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cette enfant, moi, son père : suppliante, et tenant tes armes pour la première fois, elle fuit l’ennemi à travers les airs. Ô déesse, elle t’appartient ; accepte-la comme telle, au moment où je la confie aux vents incertains. » —

« Il dit, et lance sa javeline d’un bras vigoureux ; le fleuve en retentit, et, au-dessus du rapide courant, avec le trait qui siffle vole l’infortunée Camille. Métabe, que l’ennemi est près d’atteindre, se jette dans le fleuve ; et, parvenu bientôt au bord opposé, arrache au vert gazon sa javeline et sa fille désormais consacrée à Diane. Aucune ville ne l’abrita et ne le reçut dans ses murs ; l’âpreté de ses mœurs ne lui permettait pas, d’ailleurs, de demander l’hospitalité. Comme les pâtres, il vivait sur les monts déserts. Là, au milieu des buissons et dans d’affreuses cavernes, il nourrissait sa fille du lait d’une cavale sauvage, dont il pressait les mamelles sur ses lèvres délicates.

À peine l’enfant avait-elle imprimé sur le sol la trace de ses premiers pas, que son père chargea ses mains d’un javelot aigu, et sur ses faibles épaules suspendit un arc et des flèches. Au lieu d’une tresse d’or, au lieu d’une longue robe flottante, la peau d’un tigre pendait de sa tête sur son dos qu’elle couvrait. Déjà sa main d’enfant lançait une flèche légère ; et, balançant au-