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et ajourne la délibération sur ses projets pacifiques. Il s’accuse vivement lui-même de n’avoir pas, de son plein gré, accueilli le héros troyen, et de ne l’avoir point associé, comme gendre, à son empire. Les Latins creusent des fossés en avant des portes ; on amène de grosses pierres et des pièces de bois. Les rauques accents du clairon donnent le sanglant signal des combats.

Les femmes et les enfants se pressent sur les murailles ; l’extrême péril appelle tout le monde. Cependant la reine, au milieu d’un nombreux cortége de femmes, se rend au temple de Pallas, chargée des offrandes destinées à la déesse : la jeune Lavinie, cause innocente de tant de malheurs, marche à côté de sa mère, ses beaux yeux tristement baissés. Elles entrent dans le temple, le parfument d’encens, et, à l’entrée du sanctuaire, exhalent ces douloureuses prières : « Puissante déesse des combats, arbitre de la guerre, vierge Tritonienne, brise de ta main les armes du brigand phrygien ; lui-même, renverse-le sur le sol, et qu’il expire étendu devant nos portes altières. »

Turnus, furieux, s’arme à la hâte pour le combat : déjà il a revêtu sa cuirasse hérissée d’écailles d’airain, et chaussé ses brodequins d’or. La tête encore nue, il avait ceint son épée. Tout resplendissant d’or, il accourt du haut de la citadelle : son cœur