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source ?… Et ce vil artisan de calomnies ne feint de trembler devant mes menaces que pour me charger d’un crime de plus. Ne crains rien, Drancès ; jamais cette main ne ravira une âme comme la tienne : ton âme habite un corps digne d’elle : qu’elle y reste.

« Je reviens maintenant, ô mon père, à vous et au grave sujet de ces délibérations. Si vous n’avez plus aucune confiance dans le succès de nos armes ; si nous sommes abandonnés à ce point ; si un premier échec nous a laissés sans ressources et sans espoir d’aucun retour de la fortune, demandons la paix, j’y consens, et tendons des mains suppliantes !… Oh ! si nous possédions quelque chose encore de notre antique valeur, qu’il nous semblerait heureux le guerrier auquel une mort glorieuse sur le champ de bataille a épargné la douleur d’un tel spectacle !… Que dis-je ? ne nous reste-t-il pas encore une brillante et nombreuse jeunesse ? Si tous les peuples de l’Italie sont prêts à voler à notre secours ; si leur triomphe d’un moment a coûté tant de sang aux Troyens, et si leur perte est au moins égale à la nôtre, pourquoi reculer honteusement dès le premier pas ; pourquoi trembler avant d’avoir entendu le signal du combat ? Le temps, dans la perpétuelle mobilité de son cours, amène souvent d’heureux changements, et la