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Ses compagnons répondent par des cris de triomphe et d’allégresse. « Qui que tu sois, dit Orode expirant, tu ne jouiras pas longtemps de ta victoire ; je serai vengé. Un pareil sort t’attend, et, comme moi, tu seras bientôt couché dans ces plaines. » — « En attendant, lui répond Mézence avec un sourire où se mêle la colère, meurs ! Quant à moi, le père des dieux et des hommes disposera de mon sort. » À ces mots, il retire sa lance du corps de son ennemi ; un dur repos, un sommeil de fer pèse sur les paupières d’Orode, et ses yeux se ferment pour une nuit éternelle.

Cédicus immole Alcathoüs ; Sacrator, Hydaspe ; Rapon, Parthenius et le robuste Orsès ; Clonius et Éricète tombent sous les coups de Messape. L’un expire, renversé, dans le choc, par son coursier sans frein ; l’autre, en combattant à pied son ennemi à pied. Le Lycien Agis s’avance ; Valérus, digne héritier de la valeur paternelle, l’étend à ses pieds. Thronius est terrassé par Salius, qui l’est, à son tour, par Néalcès, Néalcès qui lance habilement le javelot et la flèche perfide.

Ainsi se balançaient avec égalité le deuil et les funérailles, au gré du farouche dieu de la guerre. Les vainqueurs, les vaincus frappent et tombent avec un égal courage ; aucun ne songe à la fuite. Les dieux, dans le palais de Jupiter, déplorent l’acharne-