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lavé tes blessures, et n’a pu te couvrir de ce tissu que nuit et jour je me hâtais d’achever, consolant par ce travail les ennuis de ma vieillesse ! Où te chercher ? quel coin de terre recèle ton corps, tes membres déchirés et ta dépouille sanglante ? Voilà donc, ô mon fils, ce que tu me rapportes de toi ! voilà ce que j’ai suivi à travers tant de mers et de contrées diverses ! S’il vous reste quelque pitié, Rutules, frappez-moi, lancez sur moi tous vos traits. Que je tombe la première sous vos coups ! Ou toi, puissant maître des dieux, aie pitié de moi, et qu’un trait de ta foudre précipite dans le Tartare cette tête odieuse, puisque je ne puis autrement rompre la trame de ma cruelle vie. »

Ces larmes ont ému tous les cœurs ; un gémissement lugubre circule dans tous les rangs, et les courages abattus restent sans force pour les combats. À la vue du deuil qu’elle répand parmi les soldats, Idéus et Actor, par l’ordre d’Ilionée et d’Ascagne qui fond en larmes, la prennent dans leurs bras et la portent dans sa demeure.

Cependant la trompette a fait retentir au loin les terribles accents de l’airain sonore ; l’armée lui répond par ses cris, et le ciel en mugit. Déjà, formant la tortue, les Volsques accourent, et se disposent à combler les fossés et à arracher les palissades. Une partie d’entre eux cherche un accès et dresse des échelles pour escalader les murailles, aux endroits où la troupe moins serrée