Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/551

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ils laissent un grand nombre d’armes faites d’argent massif, ainsi que des cratères et des tapis magnifiques. Euryale se contente du baudrier de Rhamnès, enrichi de clous dorés. Cédicus avait jadis envoyé ce présent à Rémulus de Tibur, pour se l’attacher, quoique éloigné de lui, par les liens de l’hospitalité ; Rémulus, en mourant, le légua à son petit-fils ; et le sort des armes le fit passer, après la mort de celui-ci, entre les mains des Rutules. Euryale s’en empare, le suspend vainement à ses robustes épaules, et couvre sa tête du casque de Messape, orné d’une brillante aigrette. Enfin les deux guerriers sortent du camp et cherchent à gagner un sûr abri.

Cependant, tandis que le reste de l’armée stationne en bon ordre dans la plaine, trois cents cavaliers, envoyés de Laurente, s’avançaient bien armés sous les ordres de Volscens, et apportaient un message au roi Turnus. Déjà ils touchaient aux portes du camp ; ils allaient en franchir l’enceinte, lorsqu’ils aperçurent de loin deux guerriers se détournant par un sentier, à gauche. Le casque trahit l’imprudent Euryale, en réfléchissant dans l’ombre les rayons indiscrets de la lune. Ce fut un indice fatal. Du milieu de sa troupe, Volscens s’écrie : « Arrêtez, guerriers, que cherchez-vous ? qui êtes-vous, ainsi armés ? où allez-vous ? » Ils ne répondent rien ; les deux amis s’enfoncent rapidement