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Troyens, à grands cris, se pressent aux portes du camp, et couvrent les murailles. Tel était l’ordre prescrit par leur habile chef, au moment de son départ : quoi qu’il advînt en son absence, ils ne devaient point engager imprudemment le combat en pleine campagne ; leur tâche était de défendre, à l’abri des retranchements, leur camp et leurs murs. En vain l’honneur et la colère aiguillonnent leur courage : dociles à l’ordre qu’ils ont reçu, ils opposent leurs portes à l’ennemi, et l’attendent, tout armés, et retranchés dans leurs tours.

À la tête de vingt cavaliers d’élite, Turnus a rapidement devancé la marche trop lente de ses troupes, et se montre déjà sous les murs de la ville. Il monte un coursier de Thrace tacheté de blanc, et un panache de pourpre s’agite sur son casque d’or. « Jeunes guerriers, dit-il, qui de vous me suit ? Qui le premier marche à l’ennemi ? Me voilà ! » Il dit, et son javelot, lancé avec force, vole dans les airs : c’est le signal du combat : puis il se porte fièrement dans la plaine. Une vive clameur s’élève parmi ses compagnons, qui le suivent avec un frémissement horrible. Ils s’étonnent de l’inaction des Troyens. Quoi ! ne pas se montrer en plaine, ne pas se porter en armes au-devant de l’ennemi, et rester enfermés dans leur camp ! Turnus, furieux, fait, de côté et d’autre, le tour des murs avec son coursier, et cherche quelque