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notre reconnaissance, hôte troyen, nous renouvelons tous les ans ces sacrifices mérités.

« Regardez d’abord ce roc suspendu sur d’énormes rochers, les débris de ces masses au loin dispersées, et dans les flancs de la montagne cette demeure abandonnée, au milieu de ces ruines. Là s’ouvrait une caverne vaste et profonde, inaccessible aux rayons du soleil : c’était le repaire d’un monstre moitié homme, de l’effroyable Cacus. Ici, le sol fumait sans cesse d’un carnage récent, et sans cesse à la porte de l’antre pendaient des têtes humaines, sanglantes et livides. Le monstre était fils de Vulcain, et, dans sa marche de géant, il vomissait de noirs torrents de flamme.

« Enfin, le temps, propice à nos vœux, nous accorda la présence et le secours d’un dieu. Le grand vengeur des crimes, fier de la mort et des dépouilles du triple Géryon, Alcide, était arrivé. Il conduisait d’énormes et nombreux taureaux, prix de sa victoire, qui couvraient le vallon et les rives du fleuve. Cacus, poussé par les Furies, et pour ne laisser aucune fourbe sans y recourir, aucun crime sans l’oser, détourne de leurs pâturages quatre taureaux superbes, quatre génisses plus belles encore ; et, voulant déguiser les traces directes de leurs pieds, il les saisit par la