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la tempête, il est assailli par les vagues aboyantes. En vain mugissent à l’entour les écueils et les brisants que blanchit l’écume : il refoule l’algue déchirée sur ses flancs, et se soutient par sa masse.

Mais enfin, aucun effort ne peut triompher de cette aveugle fureur, et tout marche au gré de la cruelle Junon. En vain plus d’une fois Latinus atteste et le ciel et les dieux : « Hélas ! s’écrie-t-il, nous périssons, et l’orage nous entraîne. Malheureux ! vous paierez ce forfait de votre sang sacrilége. Toi, Turnus aussi, tu porteras la peine du parjure, et tu adresseras aux dieux des vœux trop tardifs. Pour moi, le repos m’est assuré ; je touche au port, et ne suis privé que d’une mort paisible. » Il n’ajoute plus rien, se retire au fond de son palais, et abandonne les rênes de l’empire.

Il était dans le Latium un usage sacré, que gardèrent depuis les villes albaines, et que conserve encore Rome, maîtresse du monde, quand elle appelle Mars à de nouveaux combats, soit qu’elle porte la guerre et ses alarmes aux Gètes, aux Hyrcaniens, aux Arabes, soit qu’elle veuille marcher contre les Indiens, s’avancer vers les lieux où naît l’aurore, et redemander aux Parthes ses étendards. Il est, dans un temple, deux portes de la guerre (c’est ainsi qu’on les nomme), consacrées par la religion et par la frayeur qu’inspire l’impitoyable Mars. Ces portes sont