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suite tu vois Capys et Numitor, et celui qui doit porter ton nom, Silvius Énée, illustre, comme toi, par sa piété et par son courage, s’il doit un jour régner sur les Albains. Admire la force que déploient ces jeunes guerriers. Mais, parmi ceux dont le front est ombragé du chêne civique, les uns bâtiront les villes de Nomente, de Gabie et de Fidène ; d’autres élèveront sur des montagnes les remparts de Collatie, de Pométie, d’Inuus, de Bole et de Cora : tels seront les noms de ces lieux qui sont encore sans nom sur la terre.

« Vois, près de son aïeul, se placer Romulus, fils de Mars, qu’enfantera Ilie, du sang d’Assaracus. Regarde, sur sa tête, ces deux aigrettes, et ce rayon divin dont Jupiter illumine déjà son front. C’est, ô mon fils ! sous les auspices de ce héros, que la superbe Rome étendra son empire jusqu’aux bornes du monde, et, par sa magnanimité, s’élèvera jusqu’aux cieux : fière d’une race féconde en héros, elle enfermera sept collines dans sa seule enceinte. Telle, dans les villes de Phrygie, la déesse de Bérécynthe s’avance sur son char, la tête couronnée de tours, joyeuse d’être la mère des dieux, et de compter cent petits-fils, tous habitants du ciel, tous occupant les sublimes demeures.

« Maintenant, tourne les yeux de ce côté : contemple cette nation : ce sont les Romains. Voilà César et toute la postérité