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Titye, dont le corps immense couvre neuf arpents entiers : un énorme vautour, de son bec recourbé rongeant son foie immortel et ses entrailles fécondes en supplices, rouvre, pour s’y nourrir, d’éternelles blessures, et, logé dans sa poitrine profonde, ne donne aucun repos à ses fibres sans cesse renaissantes.

« Rappellerai-je les Lapithes, Ixion et Pirithoüs ? Sur eux pend un noir rocher qui, toujours se détachant, les menace de sa chute. Couchés sur des lits élevés et somptueux, dont les pieds étincellent d’or, ils voient devant eux des mets servis avec un luxe royal. Mais la plus terrible des Furies, assise à ce banquet, arrête leurs mains, quand elles veulent saisir ces mets ; elle se lève en agitant sa torche menaçante, et fait tonner sa redoutable voix. Là, sont ceux qui, pendant leur vie, ont haï leurs frères, outragé leur père ou trompé la bonne foi d’un client ; ceux, et le nombre en est infini, qui, couvant d’un œil insatiable des trésors pour eux seuls entassés, n’en ont point donné une part à leurs proches ; et ceux qui ont trouvé la mort dans l’adultère ; et ceux qui, livrant des combats impies, n’ont pas craint de violer les serments faits à leurs maîtres. Tous, renfermés dans ces lieux, attendent leur châtiment. Ne cherche point à connaître quels sont les divers supplices du Tartare, ou sous quelles formes le sort accable ces hommes criminels. Les uns roulent incessamment un