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cette explication de philosophie secrète et mystérieuse, conduit son fils et la Sibylle sur une hauteur, et de là, dans une énumération et une revue héroïque, il reconnaît d’avance chaque grand homme qui naîtra ; il les nomme tous avec orgueil à celui dont ils seront la postérité. « Énée, a dit énergiquement Gibbon, contient en lui le germe de tous ses descendants. »

Et d’abord on a le catalogue et le dénombrement des rois, ceux d’Albe-la-Longue, Silvius, Procas et Capys, et Numitor, et ceux de Rome ; Romulus portant sa double aigrette au front, et que Jupiter lui-même a marqué de son signe lumineux. C’est lui qui ouvre l’ère des triomphes : « C’est sous lui, mon fils, c’est sous ses auspices que cette illustre Rome n’aura pour limites à son empire que la terre, à son ambition que l’Olympe, et qu’elle enceindra les sept collines d’une seule muraille, heureuse et fière de sa fécondité de héros : telle la mère Déesse (Cybèle) qu’on honore sur le Bérécynthe est portée sur un char à travers les villes phrygiennes, le front couronné de tours, glorieuse de sa postérité de Dieux, et de montrer à la fois entre ses bras cent petits-fils tous habitants du Ciel, tous occupant les sublimes demeures. » C’est alors qu’Anchise se met à dérouler les fastes et les gloires de la seconde patrie : César d’abord, et Auguste en perspective, Auguste le mortel ou plutôt le Dieu promis à sa race, le pacificateur du monde, qui restaurera le règne de Saturne, et soumettra plus de pays que jamais n’en parcoururent Alcide et Bacchus : « Et nous pourrions hésiter encore à préparer par nos exploits et à mériter de tels neveux !

Et dubitamus adhuc virtutem extendere factis !

Après ce premier entraînement, il revient à énumérer la suite régulière des ancêtres, et Numa, le sage et pieux roi, aux cheveux blancs, à la barbe blanche, ami des sacrifices : le guerrier Tullus ; Ancus, le fastueux, et qui promet déjà