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Aceste l’approuve, rendons la lutte égale. Darès, je te fais grâce du ceste d’Éryx ; bannis ta crainte ; et toi, dépose le ceste troyen. »

Il dit, rejette de ses épaules son double manteau, découvre à nu ses membres énormes, ses os saillants, ses bras vigoureux ; et sa taille gigantesque s’élève au milieu de l’arène. Alors le fils d’Anchise prend des cestes égaux, et lui-même les attache aux mains des deux athlètes. À l’instant, l’un et l’autre se dressent sur la pointe des pieds, et, pleins d’une même audace, élèvent leurs bras dans les airs ; ils rejettent en arrière leurs têtes hautaines, pour les mettre à l’abri des coups, et, les mains entrelacées, préludent au combat. L’un, plus léger et plus agile, a pour lui l’avantage que donne la jeunesse ; l’autre est fort de sa masse et de sa vigueur musculaire, mais ses genoux lents et tremblants fléchissent, et ses larges flancs sont battus d’une haleine pénible. Mille coups sont, de part et d’autre, portés vainement ; mille tombent pressés sur leurs flancs, ou retentissent à grand bruit sur leur poitrine ; leur main rapide erre sans cesse autour des oreilles et des tempes ; les joues craquent sous les coups terribles du ceste. Entelle, par sa masse, se tient immobile et ferme dans son attitude ; un léger mouvement du corps, un coup d’œil vigilant le mettent à l’abri des coups de son rival. Tel un guerrier