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deux coupes d’argent, ornées de figures d’un travail exquis.

Déjà tous les prix étaient donnés ; déjà les vainqueurs marchaient glorieux, le front ceint de bandelettes de pourpre, lorsque, arraché après de longs efforts au rocher fatal, et dépouillé d’un rang de rames, le navire de Sergeste est ramené par lui sans gloire, au bruit de la risée générale. Tel souvent on voit un serpent, surpris au milieu du chemin, et qu’une roue d’airain a pressé obliquement, ou qu’un voyageur a laissé sanglant et à demi mort sous le coup d’une pierre fortement lancée : il s’efforce de fuir et se courbe inutilement en longs replis ; d’un côté, terrible, les yeux ardents, il dresse, en sifflant, sa tête altière ; de l’autre, arrêté par sa blessure, il roule et replie vainement sur lui-même ses membres mutilés. Tel, avec les débris de ses rames, se traînait lentement sur l’onde le vaisseau tardif de Sergeste. Cependant il déploie toutes ses voiles, et rentre enfin dans le port. Énée donne à Sergeste la récompense promise, pour avoir sauvé son vaisseau et ramené ses compagnons : Sergeste reçoit pour prix une esclave Crétoise, Pholoé, habile aux travaux de Minerve, et mère de deux jumeaux qu’elle nourrit de son lait.

Ce combat terminé, le pieux Énée se rend dans une plaine verdoyante qu’enferment de toutes parts des collines couronnées de forêts. Au milieu du vallon, est un cirque en amphithéâtre, où