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dans un port ami. Venez donc, et, avec joie, rendons tous à mon père les honneurs qui lui sont dus. Demandons-lui des vents propices : et puissé-je, avec son aveu, quand j’aurai bâti ma ville, renouveler tous les ans ce pieux hommage dans les temples qui lui seront consacrés ! Aceste, né Troyen, accorde deux taureaux à chaque navire. Invoquez donc, dans vos banquets, et les Dieux de notre patrie, et les dieux d’Aceste notre hôte. Ce n’est pas tout : si la neuvième aurore, montrant à la terre un front radieux, annonce aux mortels un jour pur et serein, j’ordonnerai des jeux : et d’abord nos vaisseaux disputeront le prix de la vitesse ; puis les Troyens, dont l’agilité brille dans la course ; et ceux qui, plus confiants dans leur force, excellent à lancer le javelot et la flèche légère ; et ceux enfin qui, plus hardis, affrontent le périlleux combat du ceste : qu’ils se présentent tous, et que les vainqueurs s’attendent à recevoir les palmes méritées. Mais aujourd’hui, gardez un silence religieux, et ceignez vos fronts de feuillage. »

Il dit, et voile son front du myrte maternel. Helymus, le vieil Aceste, le jeune Ascagne et toute la jeunesse imitent son exemple. Alors, du lieu de l’assemblée, Énée, suivi de tous ses compagnons, s’avance vers le tombeau d’Anchise. Là, suivant le rit des libations, il épanche sur le sol tumulaire deux coupes