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Il dit, et il immole aux autels les victimes accoutumées, un taureau à Neptune, un autre taureau à vous, bel Apollon, une brebis noire aux Tempêtes, une blanche aux Zéphyrs favorables.

Cependant la Renommée publie qu’Idoménée a fui, chassé du trône paternel ; que les rivages de la Crète sont déserts, et que les villes abandonnées par nos ennemis attendent de nouveaux habitants. Nous quittons le port d’Ortygie, et volons sur les ondes. Nous côtoyons Naxos, dont les monts retentissent du cri des Bacchantes ; Donyse aux verts bocages, Oléare, la blanche Paros, les Cyclades éparses sur la mer ; et nous parcourons ces détroits semés d’îles nombreuses. Les nautoniers mêlent à leurs travaux des cris d’allégresse ; ils s’animent à l’envi, disant : « Voguons vers la Crète, pays de nos aïeux ! » Le vent s’élève en poupe, hâte notre course, et nous touchons enfin les antiques rivages des Curètes. Bientôt, impatients, je construis les murs d’une ville, objet de nos désirs : je la nomme Pergamée, et j’exhorte mes compagnons, que ce nom remplit de joie, à chérir leurs nouveaux foyers et à élever une citadelle.

Déjà presque tous nos vaisseaux étaient retirés à sec sur le rivage ; déjà l’hymen et la culture de ces terres nouvelles occupaient la jeunesse : je lui donnais des lois et des champs, quand tout à coup, par la corruption de l’air, une horrible contagion