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par le vent, s’était élancé jusqu’au faîte, et la flamme en tourbillons s’élève, furieuse, dans les airs.

J’avance ; je revois la demeure de Priam et la citadelle. Déjà, sous les portiques déserts consacrés à Junon, Phœnix et le cruel Ulysse, choisis pour garder les dépouilles d’Ilion, veillaient sur cette proie. Là étaient entassés les trésors ravis dans les temples en flammes, et les tables des dieux, et les cratères d’or massif, et les parures des vaincus : à l’entour, se tiennent en longue file les enfants et les mères tremblantes. J’osai même faire retentir ma voix dans les ténèbres ; je remplis les rues de mes cris ; et, dans mon désespoir, répétant en vain le nom de Créuse, je l’appelais et l’appelais encore.

Tandis qu’éperdu j’errais, la cherchant dans toute la ville, une ombre lugubre m’apparaît : c’était l’ombre de Créuse, mais plus grande que Créuse ne fut jamais. Je frémis, mes cheveux se dressent sur mon front, et ma voix étouffée expire sur mes lèvres. L’ombre me parle, et console ainsi mes ennuis : « Pourquoi, cher époux, te livrer à une vaine douleur ? Ces événements n’arrivent pas sans la volonté des dieux. Tu ne pouvais emmener avec toi Créuse dans ta fuite : le roi de l’Olympe ne le permet pas.