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vironnent. Toi, ne crains pas de suivre les ordres de ta mère, et ne refuse point d’obéir à ses conseils. Vois-tu ces masses renversées, ces pierres arrachées à des pierres, cette fumée et cette poussière qui se mêlent et s’élèvent en tourbillons ondoyants ? Là, Neptune frappe les murs de son trident redoutable, les ébranle jusqu’à leurs bases, et arrache tout Ilion à ses fondements ; ici, l’implacable Junon, qui d’abord s’est emparée de la porte de Scée, se tient, armée du glaive et furieuse, et de leurs vaisseaux appelle les Grecs qu’elle protége. Vois, sur la citadelle, au sommet des tours, Pallas secouant la terrible égide du haut de la nue qui l’entoure. Le père des dieux lui-même excite le courage des Grecs, et anime les dieux contre les Troyens. Fuis au plus vite, mon fils, et mets un terme à tes périlleux travaux. Je veillerai sur toi, et te conduirai en sûreté jusqu’au palais de ton père. »

Elle dit, et disparaît dans l’ombre épaisse de la nuit. Alors je vois l’effrayante figure des dieux acharnés à la perte de Troie ; je vois tout Ilion s’écroulant dans les flammes, et la ville de Neptune, renversée de fond en comble, n’offrant qu’une vaste ruine. Tel, sur la cime des monts, un orme antique, dont le tronc est déchiré sous les coups redoublés de la hache, menace les bûcherons