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inculte, a pour habitants des hommes ou des bêtes sauvages, et d’en faire un fidèle récit à ses compagnons. Il cache ses vaisseaux dans un enfoncement de la forêt, sous une roche creuse, que des arbres touffus couvrent d’une sombre horreur. Il part accompagné du seul Achate, et dans sa main se balancent deux javelots armés d’un large fer.

Au milieu de la forêt, sa mère s’offre à ses yeux ; elle a les traits, les vêtements et les armes d’une vierge de Sparte : telle, l’amazone de Thrace, Harpalyce, fatigue ses coursiers et devance l’Eurus dans son vol rapide. L’arc léger des nymphes chasseresses est suspendu à son épaule ; ses cheveux flottent au gré des vents ; et, sur son genou découvert, un nœud relève les plis de sa robe ondoyante.

« Jeunes gens, dit-elle, le hasard vous a-t-il fait rencontrer en ces lieux une de mes sœurs, ornée d’un carquois, couverte de la peau tachetée d’un lynx, et peut-être pressant de ses cris la course d’un sanglier écumant ? » Ainsi parle Vénus, et son fils lui répond : « Aucune de vos compagnes n’a été ni rencontrée, ni entendue par nous, ô vierge ; quel nom faut-il vous donner ? car, ni votre air, ni votre voix ne sont d’une mortelle. Déesse sans aucun doute, êtes-vous la sœur d’Apollon, ou du sang des