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par hasard Anthée, dont le vaisseau est devenu le jouet des vents, et les birèmes phrygiennes, ou Capys, ou les armes de Caïcus sur sa poupe élevée. De vaisseau, il n’en aperçoit aucun ; mais il voit trois cerfs errants sur la plage ; ils sont suivis par d’autres qui paissent, en long troupeau, dans la vallée. Il s’arrête, saisit son arc et ses flèches rapides que porte le fidèle Achate ; et d’abord il renverse les trois chefs du troupeau, dont la tête élevée portait une haute ramure ; puis il disperse les autres et poursuit de ses traits la troupe entière à travers les bois épais ; et il ne s’arrête qu’après avoir abattu sept des cerfs les plus grands, et égalé ainsi leur nombre à celui de ses vaisseaux.

Il regagne le port, et partage le produit de sa chasse entre ses compagnons. Il leur distribue aussi le vin dont le généreux Aceste chargea les navires troyens au départ de la Sicile, et console en ces mots leurs cœurs affligés : « Chers compagnons, ce n’est pas d’aujourd’hui que nous connaissons les revers ; nous en avons souffert de plus grands : un dieu donnera encore fin à notre malheur présent. Vous avez vu de près la rage de Scylla et ses rochers mugissants. Vous avez affronté les antres des Cyclopes. Rappelez votre courage ; chassez la triste crainte : peut-être qu’un jour ces souvenirs auront pour vous des charmes. Enfin, à tra-