Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/190

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Si tu fais de la laine l’objet de tes soins, avant tout, fuis les buissons, les ronces et les épines ; évite aussi les gras pâturages, et que ton troupeau se distingue par la blancheur et le moelleux de sa toison. Quant au bélier lui-même, fût-il d’une blancheur éclatante, si tu aperçois sur sa langue une tache noire, rejette-le : les agneaux qui naîtraient de lui seraient marqués de cette sombre couleur ; cherche-lui un successeur dans tout le troupeau. Ce fut, s’il en faut croire la renommée, à la faveur d’une blanche toison que Pan, dieu de l’Arcadie, te surprit, ô Phébé, et sut te tromper en t’appelant au fond des bois ; et tu ne dédaignas pas la voix qui t’appelait.

Préfères-tu le laitage ? porte toi-même à tes brebis le cytise et le lotos en abondance : assaisonne de sel l’herbe que tu leur présentes dans la bergerie : le sel irrite leur soif, gonfle leurs mamelles, et donne à leur lait une saveur plus délicate. Plusieurs séparent les chevreaux de leurs mères et du troupeau, ou arment leur bouche d’une muselière hérissée de pointes de fer. Le lait qu’on a tiré le matin ou dans la journée se met en présure, quand vient la nuit ; celui du soir, le berger va, dès le point du jour, le porter à la ville dans des corbeilles d’osier, ou bien l’assaisonne d’un peu de sel, et le met en réserve pour l’hiver.

Le chien ne doit pas être le dernier objet de tes soins. D’un