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du Cynthe, fondateur de Troie. La misérable Envie y frémira d’épouvante à l’aspect des Furies, du sombre Cocyte, des serpents d’Ixion, de la roue fatale, et de l’éternel rocher de Sisyphe.

Parcourons cependant ces forêts vierges, ces routes nouvelles que nous montrent les Dryades : c’est, Mécène, la tâche difficile que tes ordres m’ont imposée ; sans toi, mon esprit ne tenterait rien de grand. Viens donc, que rien ne t’arrête ; j’entends le Cithéron qui nous appelle à grands cris, et les chiens du Taygète, et les coursiers d’Épidaure, et l’écho des forêts répondre à ces bruyantes clameurs. Bientôt cependant, j’entreprendrai de chanter les combats de César, et d’assurer à son nom une durée égale aux siècles qui se sont écoulés depuis Tithon jusqu’à César.

Soit qu’aspirant aux palmes olympiques, on élève des coursiers pour la lice, ou de vigoureux taureaux pour la charrue, l’essentiel, c’est de bien choisir les mères. La génisse que tu dois préférer est celle qui a le regard farouche, la tête d’une grosseur difforme, l’encolure épaisse, et dont le fanon descend du menton jusqu’aux genoux. Ses flancs sont extrêmement allongés ; tout en elle est grand, même le pied, et ses oreilles velues sont pressées sous des cornes recourbées. J’aimerais encore celle qui, tachetée de blanc et de noir, indocile au joug, menace quelquefois de la