775. Les sots usent des gens d’esprit comme les petits hommes portent de grands talons[1].
776. Il y a des hommes dont il vaut mieux se taire que de les louer selon leur mérite[2].
777. Il ne faut pas tâcher de contenter les envieux.
778. Le mépris de notre nature est une erreur de notre raison[3].
779. Un peu de café après le repas fait qu’on s’estime ; il ne faut aussi, quelquefois, qu’une petite plaisanterie pour abattre une grande présomption.
780. On oblige les jeunes gens à user de leurs biens comme s’il etait sûr qu’ils dussent vieillir.
781. A mesure que l’âge multiplie les besoins de la nature, il resserre ceux de l’imagination.
782. Tout le monde empiète sur un malade, prêtres, médecins, domestiques, étrangers, amis ; et il n’y a pas jusqu’a sa garde qui ne se croie en droit de le gouverner[4].
783. Quand on devient vieux, il faut se parer[4].
784. L’avarice annonce le déclin de l’âge et la fuite précipitée des plaisirs.
785. L’avarice est la dernière et la plus absolue de nos passions.
786. Les plus grands ministres ont été ceux que la fortune avait placés le plus loin du ministère[5].
787. La science des projets consiste à prévenir les difficultés de l’execution.
788. La timidité dans l’exécution fait échouer les entreprises téméraires[6].
789. On promet beaucoup, pour se dispenser de donner peu[6].
- ↑ [Un sot est-il jamais monté sur un homme d’esprit ? — V.]
- ↑ Cest-à-dire, je crois, qu’il y a des gens dont le mérite est dans un genre si frivole et si misérable, que les louer selon leur mérite serait les rendre ridicules. — S.
- ↑ Rapprochez des Maximes 75e, 285e, 458e, 461e et 463e ; cette idée est chère à Vauvenargues. — G.
- ↑ a et b [Faible — V.]
- ↑ La même pensée se retrouve, presque en mêmes termes, dans la lettre de Vauvenargues au Roi, datée d’Arras, le 12 décembre 1743. — G.
- ↑ a et b [Commun. — V.]