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687. [L’imperfection est le principe nécessaire de tout vice ; mais la perfection est une, et incommunicable.]

688. [Que ceux qui ne peuvent atteindre à la véritable gloire, s’en fassent une fausse, rien ne me semble plus pardonnable ; mais un homme qui a des lumières, et qui se dissipe et s’éteint dans des occupations frivoles, me paraît ressembler à ces gens opulents qui se ruinent en colifichets. Il est le plus insensé de tous les hommes, s’il espère de réussir encore, dans son déclin, par les qualités qui lui ont réussi dans ses beaux jours : les qualités les plus aimables dans les jeunes gens deviennent un opprobre dans la vieillesse.]

689. [La vieillesse ne peut couvrir sa nudité que par la véritable gloire ; la gloire, seule, tient lieu des talents qu’une longue vie a usés[1].]

690. [L’espérance est le seul bien que le dégoût respecte.]

691. [Une mode en exclut une autre ; les hommes ont l’esprit trop étroit pour estimer à la fois plusieurs choses.]

692. [Ceux qui sauraient tirer avantage de l’art de plaire, n’en ont pas le don, et ceux qui ont le don de plaire n’ont pas le talent d’en profiter. Il en est de même de l’esprit, des richesses, de la santé, etc. : les dons de la nature et de la fortune ne sont pas si rares que l’art d’en jouir.]

693. [La meilleure manière d’élever les princes serait, je crois, de leur faire connaître familièrement un grand nombre d’hommes de tout caractère et de tout état ; leur malheur ordinaire est de ne point connaître leur peuple. On est toujours masqué autour d’eux, quand ils sont les maîtres ; ils voient beaucoup de sujets, mais ne voient point d’hommes. De là, le mauvais choix des favoris et des mi-

  1. Voir la Maxime 240e. — G.