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ET MAXIMES.

645.  [J’ai bonne opinion d’un jeune homme, quand je vois qu’il a l’esprit juste, et que, néanmoins, la raison ne le maîtrise point ; je me dis : Voici une âme forte et audacieuse ; ses passions la tromperont souvent, mais, du moins, elle ne sera trompée que par ses passions, et non par celles d’autrui.]

646.  [Ce qu’il y a de plus embarrassant, quand on n’est pas né riche, c’est d’être né fier[1].]

647.  [On s’étonne toujours qu’un homme supérieur ait des ridicules, ou qu’il soit sujet à de grandes erreurs ; et moi je serais tres-surpris qu’une imagination forte et hardie ne fît pas commettre de très-grandes fautes.]

648.  [Je mets une fort grande différence entre faire des sottises et faire des folies ; un homme médiocre peut ne pas faire de folies, mais il ne saurait éviter de faire beaucoup de sottises.]

649.  [Le plus sot de tous les hommes est celui qui fait des folies par air.]

650.  [Nous méprisons les fables de notre pays, et nous apprenons aux enfants les fables de l’antiquité.]

651.  [Nous dédaignons les fables de notre pays, et beaucoup de gens les ignorent ; mais j’espère qu’elles feront un jour partie de l’éducation des enfants. Il est juste qu’elles aillent à nos neveux, et il faut bien que cela arrive, puisque nous apprenons aujourd’hui, avec tant de soin, les fables de l’antiquité.]

652.  [L’objet de la prose est de dire des choses ; mais les sots s’imaginent que la rime est l’unique objet de la poésie, et, dès que leurs vers ont le nombre ordinaire de syllabes, ils pensent que ce qu’ils ont fait avec tant de peine mérite qu’on se donne celle de le lire.]

  1. Rapprochez de la Maxime 562e. — G.