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ET MAXIMES.

562.  [Le plus grand mal que la fortune puisse faire aux hommes, est de les faire naître faibles de ressources, et ambitieux.]

563.  [Nul n’est content de son état seulement par modestie ; il n’y a que la religion ou que la force des choses qui puisse borner l’ambition.]

564.  [Les hommes médiocres craignent quelquefois les grandes places, et, quand ils n’y visent point ou les refusent, tout ce qu’on en peut conclure, c’est qu’ils savent qu’ils sont médiocres[1].]

565.  [Ceux qui ont le plus de vertu ne peuvent quelquefois se défendre de respecter, comme le peuple, les dons de la fortune, tant ils sentent quelle est la force et l’utilité du pouvoir ; mais ils se cachent de ce sentiment comme d’un vice, et comme d’un aveu de leur faiblesse.]

566.  [Si le mérite donnait une partie de l’autorité qui est attachée à la fortune, il n’y a personne qui ne lui accordât la préférence.]

567.  [Il y a plus de grandes fortunes que de grands talents.]

568.  Il n’est pas besoin d’un long apprentissage pour se rendre capable de négocier, toute notre vie n’étant qu’une pratique non interrompue d’artifices et d’intérêts[2].

569.  Les grandes places instruisent promptement les grands esprits.

570.  La présence d’esprit est plus nécessaire à un négociateur qu’à un ministre : les grandes places dispensent quelquefois des moindres talents.

571.  Si les armes prospèrent, et que l’État souffre, on

  1. Rapprochez de la Maxime 88e. — G.
  2. Faut-il rappeler, à propos de cette Maxime et des suivantes, que Vauvenargues avait voulu entrer dans la diplomatie ? — G.