Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/505

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
451
ET MAXIMES.

545.  [Les plus vifs plaisirs de l’âme sont ceux qu’on attribue au corps ; car le corps ne doit point sentir, ouil est âme.]

546.  [La plus grande perfection de l’âme est d’être capable de plaisir.]

547.  La vanité est le premier intérêt et le premier plaisir des riches.

548.  C’est la faute des panégyristes, ou de leurs héros, lorsqu’ils ennuient.

549.  Il faut savoir mettre à profit l’indulgence de nos amis et la sévérité de nos ennemis.

550.  Pauvre, on est occupé de ses besoins ; riche, on est dissipé par les plaisirs, et chaque condition a ses devoirs, ses écueils, et ses distractions, que le génie seul peut franchir.

551.  [Je désirerais de tout mon cœur que toutes les conditions fussent égales ; j’aimerais beaucoup mieux n’avoir point d’inférieurs, que de reconnaître un seul homme au-dessus de moi. Rien n’est si spécieux, dans la spéculation, que l’égalité ; mais rien n’est plus impraticable et plus chimérique[1].]

552.  Les grands hommes le sont quelquefois jusque dans les petites choses.

553.  Nous n’osons pas toujours entretenir les autres de nos opinions ; mais nous saisissons ordinairement si mal leurs idées, que nous perdrions peut-être moins dans leur esprit à parler comme nous pensons, et nous serions moins ennuyeux.

554.  [Il est juste que ce qu’on imagine n’ait pas l’air si original que ce qu’on pense.]

555.  [On parle et l’on écrit rarement comme l’on pense.]

556.  Quelle diversité, quel changement et quel intérêt dans les livres, si on n’écrivait plus que ce qu’on pense !

  1. Rapprochez de la Maxime 227e et de ses variantes.