Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/495

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
441
ET MAXIMES.


est obscur, ou q’un principe est douteux, lorsqu’ils ont été contredits ; on en doit conclure, au contraire, qu’ils sont apparents ; car les gens d’esprit ne s’avisent guère de contester que ce que le reste des hommes croit incontestable.]

428.  [Ceux qui doutent de la certitude des principes devraient estimer davantage l’éloquence : s’il n’y a point de réalités, les apparences augmentent de prix[1].]

429.  Vous croyez que tout est problématique ; vous ne voyez rien de certain, et vous n’estimez ni les arts, ni la probité, ni la gloire ; vous croyez cependant devoir écrire, et vous pensez assez mal des hommes pour être persuadé qu’ils voudront lire des choses inutiles, que vous-même n’estimez point vraies. Votre objet n’est-il pas aussi de les convaincre que vous avez de l’esprit ? Il y a donc, du moins, quelque vérité, et vous avez choisi la plus grande et la plus importante pour les hommes : vous leur avez appris que vous aviez plus de délicatesse et plus de subtilité qu’eux[2]. C’est la principale instruction qu’ils peuvent retirer de vos ouvrages ; se lasseront-ils de les lire ?

430.  La prospérité illumine la prudence[3].

431.  L’intérêt est la règle de la prudence.

432.  [Il n’appartient qu’au courage de régler la vie.]

433.  Les vrais maîtres dans la politique et dans la morale sont ceux qui tentent tout le bien qu’on peut exécuter, et rien au-delà[4].

434.  Un sage gouvernement doit se régler sur la disposition présente des esprits.

  1. Voir la Maxime 276e. — G.
  2. Voir le 52e Caractère (Isocrate). — G.
  3. C’est dire que la prudence est à peu près aveugle per elle-même. Vauvenargues, en général, est aussi dédaigneux pour la prudence que pour la raison, et les maltraite toutes deux également ; il aime mieux le courage, et ce qu’il appelle le bon instinct. — G.
  4. Rapprochez des Maximes 25e et 26e. — G.