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ET MAXIMES.


devoirs des hommes sont fondés sur leur faiblesse réciproque !

394.  [Vantez la clémence à un homme sévère : Vous serez égorgé dans votre lit, répondra-t-il, si la justice n’est pas inexorable. O timidité sanguinaire ! ]

395.  [En considérant l’extrême faiblesse des hommes, les incompatibilités de leur fortune avec leur humeur, leurs malheurs toujours plus grands que leurs vices, et leurs vertus toujours moindres que leurs devoirs, je conclus qu’il n’y a de juste que la loi de l’humanité, et que le tempérament de l’indulgence.]

396.  Les enfants cassent des vitres et brisent des chaises, lorsqu’ils sont hors de la présence de leurs maîtres ; les soldats mettent le feu à un camp qu’ils quittent, malgré les défenses du général ; ils aiment à fouler aux pieds l’espérance de la moisson, et à démolir de superbes édifices. Qui les pousse à laisser partout ces longues traces de leur barbarie ? Est-ce seulement le plaisir de détruire ? ou n’est-ce pas plutôt que les âmes faibles attachent à la destruction une idée d’audace et de puissance ?

397.  Les soldats s’irritent aussi contre le peuple chez qui ils font la guerre, parce qu’ils ne peuvent le voler assez librement, et que la maraude est punie : tous ceux qui font du mal aux autres hommes les haïssent.

398.  [Lorsqu’on est pénétré de quelque grande vérité et qu’on la sent vivement, il ne faut pas craindre de la dire, quoique d’autres l’aient déja dite. Toute pensée est neuve, quand l’auteur l’exprime d’une manière qui est à lui.]

399.  Il y a beaucoup de choses que nous savons mal, et qu’il est très-bon qu’on redise.

400.  [Un livre bien neuf et bien original serait celui qui ferait aimer de vieilles vérités.]