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ET MAXIMES.


373. Plaisante fortune pour Bossuet d’être chapelain de Versailles ! Fénelon, du moins, était à sa place ; il était né pour être le précepteur des rois ; mais Bossuet devait être un grand ministre, sous un roi ambitieux.

374. [Je suis toujours surpris que les rois n’essaient point si ceux qui écrivent de grandes choses ne seraient pas capables de les faire : cela vient, vraisemblablement, de ce qu’ils n’ont pas le temps de lire.]

375. Un prince, qui n’est que bon, aime ses domestiques, ses ministres, sa famille, son favori, et n’est point attaché à son État ; il faut être un grand roi pour aimer un peuple.

376. [Le prince qui n’aime point son peuple peut être un grand homme, mais il ne peut être un grand roi.]

377. [Un prince est grand et aimable quand il a les vertus d’un roi, et les faiblesses d’un particulier.]

378. [Louis XIV avait trop de dignité ; je l’aurais aimé plus populaire. Il écrivait à M. de ... « Je me réjouis, comme votre ami, du présent que je vous fais, comme votre maître. » Il ne savait jamais oublier qu’il était le maître. C’était un grand roi ; je l’admire ; mais je n’ai jamais regretté de n’être pas né sous son règne[1].]

379. [Luynes obtint, à dix-huit ans, la dignité de connétable. La faveur des rois est le plus court chemin pour faire une grande fortune ; c’est ce que savent à merveille tous les courtisans. Aussi, ceux qui ne peuvent arriver jusqu’à l’oreille du prince tâchent-ils, au moins, de gagner les bonnes grâces du ministre, de même que ceux qui n’arrivent pas jusqu’au ministre font la cour au valet de cham-

  1. On sait que Vauvenargues est né le 6 août 1715, moins d’un mois avant la mort de Louis XIV. — G.