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ET MAXIMES.

entre ces deux maîtres ; tant nous étions peu faits pour être libres[1].

185. La dépendance est née de la société[2].

186. Faut-il s’étonner que les hommes aient cru que les animaux étaient faits pour eux, s’ils pensent même ainsi de leurs semblables, et si la fortune accoutume les puissants à ne compter qu’eux sur la terre[3] ?

187. Entre rois, entre peuples, entre particuliers, le plus fort se donne des droits sur le plus faible, et la même règle est suivie par les animaux, par la matière, par les éléments, etc., de sorte que tout s’exécute dans l’univers par la violence ; et cet ordre, que nous blâmons avec quelque apparence de justice, est la loi la plus générale, la plus absolue, la plus immuable, et la plus ancienne de la nature[4].

188. Les faibles veulent dépendre, afin d’être protégés : ceux qui craignent les hommes aiment les lois[5].

189. Qui sait tout souffrir peut tout oser.

190. Il y a des injures qu’il faut dissimuler, pour ne pas compromettre son honneur[6].

191. Il est bon d’être ferme par tempérament, et flexible par réflexion.

192. Les faibles veulent quelquefois qu’on les croie méchants ; mais les méchants veulent passer pour bons[7].

  1. Vauvenargues revient sur cette idée à divers endroits ; voir, entr’autres, dans le Discours sur le Caractère des différents siècles, la variante de la page 161. — G.
  2. [Bien. — V.]
  3. [Bien. — V.]
  4. [Bien. — V.]
  5. Var. : « L’intérêt du faible est de dépendre, pour être protégé ; cela n’empêche pas qu’il ne soit misérable d’avoir besoin de protection, et c’est, au contraire, la preuve de sa faiblesse et de son malheur. »
  6. Sans doute, parce qu’on ne peut en tirer vengeance. — Voir le 1er Caractère (Clazomène) : « L’injure a flétri son courage, et il a été offensé de ceux dont il ne pouvait prendre de vengeance. » — G.
  7. [Bien. — V.]