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RÉFLEXIONS

155. Dans l’enfance de tous les peuples, comme dans celle des particuliers, le sentiment a toujours précédé la réflexion et en a été le premier maître[1].

156. Qui considérera la vie d’un seul homme, y trouvera toute l’histoire du genre humain, que la science et l’expérience n’ont pu rendre bon[2].

157. S’il est vrai qu’on ne peut anéantir le vice, la science de ceux qui gouvernent est de le faire concourir au bien public[3].

158. Les jeunes gens souffrent moins de leurs fautes que de la prudence des vieillards[4].

159. Les conseils de la vieillesse éclairent sans échauffer, comme le soleil de l’hiver[5].

160. Le prétexte ordinaire de ceux qui font le malheur des autres, est qu’ils veulent leur bien.

161. Il est injuste d’exiger des hommes qu’ils fassent, par déférence pour nos conseils, ce qu’ils ne veulent pas faire pour eux-mêmes.

162. Il faut permettre aux hommes de faire de grandes fautes contre eux-mêmes, pour éviter un plus grand mal, la servitude.

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    sont les passions qui, en portant l’esprit de l’homme sur un plus grand nombre d’objets, et en augmentant la somme de ses idées, lui fournissent les matériaux de la réflexion, qui est le chemin de la raison. Cela se rapporte à ce qu’il dit ailleurs, que les passions fertilisent l’esprit. — S. — L’auteur n’a pas voulu dire seulement que les passions mènent à la raison. Il soutient très-clairement que la raison ne serait rien sans les passions. — G.

  1. [Bien. — V.]
  2. [Bien. — V.]
  3. [Bien. — V.] — Var. : « Aidons-nous des mauvais motifs, pour nous fortifier dans les bons desseins. » — (Voir la 4e note de la page 53.) — G.
  4. [Commun. — V.]
  5. [Assez bien. — V.] — Voltaire nous paraît ici un peu sévère ; nous l’avons remarqué dans notre Éloge, et nous aurons lieu de le remarquer encore ; il n’a fait grâce à aucune image, et, sous ce chef, il a fait retrancher à Vauvenargues quelques-unes de ses plus belles Maximes. — G.