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RÉFLEXIONS

104. Trop et trop peu de secret sur nos affaires témoignent également une âme faible.

105. La familiarité est l’apprentissage des esprits[1].

106. Nous découvrons en nous-mêmes ce que les autres nous cachent, et nous reconnaissons dans les autres ce que nous nous cachons à nous-mêmes[2].

107. Les maximes des hommes décèlent leur cœur[3].

108. Les esprits faux changent souvent de maximes.

109. Les esprits légers sont disposés à la complaisance.

110. Les menteurs sont bas et glorieux[4].

111. Peu de maximes sont vraies à tous égards.

112. On dit peu de choses solides lorsqu’on cherche à en dire d’extraordinaires.

113. Nous nous flattons sottement de persuader aux autres ce que nous ne pensons pas nous-mêmes.

114. On ne s’amuse pas longtemps de l’esprit d’autrui.

115. Les meilleurs auteurs parlent trop.

116. La ressource de ceux qui n’imaginent pas est de conter[5].

117. La stérilité de sentiment nourrit la paresse.

118. Un homme qui ne dîne ni ne soupe chez soi, se croit

  1. Obscur ; c’est dans la familiarité de la conversation que l’esprit se forme, ou bien qu’on connaît l’esprit de ceux avec qui on vit. — M. — Cette pensée n’est nullement obscure ; c’est un résumé très-précis de la 17e Réflexion et du 4e Conseil à un Jeune homme (voir pages 77 et 117). — G.
  2. Add. : « Il faut donc allier les deux études. »
  3. Le proverbe indien a dit : Parle, afin que je te connaisse. — S.
  4. On pourrait, ce semble, retourner la pensée et dire : Les gens bas et glorieux sont menteurs ; car on est souvent menteur parce qu’on est glorieux, et non pas glorieux parce qu’on est menteur. — S.
  5. Var. : « La ressource de ceux qui n’imaginent pas beaucoup de choses est de les conter à beaucoup de gens. »