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RÉFLEXIONS

81. Les hommes ont la volonté de rendre service, jusqu’à ce qu’ils en aient le pouvoir[1].

82. L’avare prononce en secret : Suis-je chargé de la fortune des misérables ? et il repousse la pitié qui l’importune.

83. Ceux qui croient n’avoir plus besoin d’autrui deviennent intraitables[1].

84. Il est rare d’obtenir beaucoup des hommes dont on a besoin[1].

85. On gagne peu de choses par habileté[1].

86. Nos plus sûrs protecteurs sont nos talents[1].

87. Tous les hommes se jugent dignes des plus grandes places ; mais la nature, qui ne les en a pas rendus capables, fait aussi qu’ils se tiennent très-contents dans les dernières[2].

88. On méprise les grands desseins lorsqu’on ne se sent pas capable des grands succès[2].

89. Les hommes ont de grandes prétentions et de petits projets.

90. Les grands hommes entreprennent les grandes choses, parce qu’elles sont grandes ; et les fous, parce qu’ils les croient faciles[2].

91. Il est quelquefois plus facile de former un parti, que de venir par degrés à la tête d’un parti déjà formé[3].

  1. a, b, c, d et e [Bien. — V.] — Var. : « Personne ne peut mieux prétendre aux grandes places que ceux qui en ont les talents. »
  2. a, b et c [Bien. — V.]
  3. Var. : « Le plus grand de tous les projets est celui de former un parti. » Vauvenargues supprima, dans la 2e édition, cette pensée que Voltaire trouvait trop commune, et qui faisait, d’ailleurs, double emploi. Les diverses éditions donnent dans cette maxime supprimée : de prendre un parti ; elle en vaudrait mieux, peut-être : mais ce n’est pas le texte de Vauvenargues. Notre leçon est celle de la 1re édition. — G.