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ET MAXIMES.

71. Si la gloire et si le mérite ne rendent pas les hommes heureux, ce que l’on appelle bonheur mérite-t-il leurs regrets ? Une âme un peu courageuse daignerait-elle accepter ou la fortune, ou le repos d’esprit, ou la modération, s’il fallait leur sacrifier la vigueur de ses sentiments, et abaisser l’essor de son génie[1] ?

72. La modération des grands hommes ne borne que leurs vices[2].

73. La modération des faibles est médiocrité[3].

74. Ce qui est arrogance dans les faibles est élévation dans les forts ; comme la force des malades est frénésie, et celle des sains est vigueur[4].

75. Le sentiment de nos forces les augmente[5].

76. On ne juge pas si diversement des autres que de soi-même.

77. Il n’est pas vrai que les hommes soient meilleurs dans la pauvreté que dans les richesses.

78. Pauvres et riches, nul n’est vertueux ni heureux, si la fortune ne l’a mis à sa place[6].

79. Il faut entretenir la vigueur du corps pour conserver celle de l’esprit[7].

80. On tire peu de services des vieillards[8].

  1. Var. : « Pensée consolante ! L’avarice ne s’assouvit pas par les richesses, ni l’intempérance par la volupté, ni la paresse par l’oisiveté, ni l’ambition par la fortune. Mais si les talents, si la gloire, si la vertu même, ne nous rendent heureux, ce que l’on appelle bonheur vaut-il nos regrets ? »
  2. [Bien. — V. ] — Var. : « Le faible s’applaudit lui-même de sa modération, qui n’est que paresse et vanité. »
  3. [Bien. — V.]
  4. [Bien. — V.]
  5. [Bien. — V.]
  6. Var. : [ « Il n’y a d’heureux sur la terre que les gens qui sont à leur place. » ]
  7. [Bien. — V.]
  8. Add. : « Parce que la plupart, occupés de vivre et d’amasser, sont désintéressés sur tout le reste. »