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RÉFLEXIONS

obscures, ou hors d’œuvre, si on les séparait. On n’a point conservé dans cette édition l’ordre qu’on leur avait donné dans la première ; on en a retranché plus de deux-cents maximes ; on en a étendu quelques-unes, et on en a ajouté un petit nombre.


1. Il est plus aisé de dire des choses nouvelles que de concilier celles qui ont été dites[1].

2. L’esprit de l’homme est plus pénétrant que conséquent, et embrasse plus qu’il ne peut lier.

3. Lorsqu’une pensée est trop faible pour porter une expression simple, c’est la marque pour la rejeter.

4. La clarté orne les pensées profondes.

5. L’obscurité est le royaume de l’erreur.

6. Il n’y aurait point d’erreurs qui ne périssent d’elles-mêmes, rendues clairement[2].

7. Ce qui fait souvent le mécompte d’un écrivain, c’est qu’il croit rendre les choses telles qu’il les aperçoit ou qu’il les sent.

8. On proscrirait moins de pensées d’un ouvrage, si on les concevait comme l’auteur[3].

9. Lorsqu’une pensée s’offre à nous comme une profonde découverte, et que nous prenons la peine de la développer, nous trouvons souvent que c’est une vérité qui court les rues[4].

10. Il est rare qu’on approfondisse la pensée d’un autre ;

  1. La 1re édition ajoutait : « Et de les réunir sous un point de vue ; » à quoi Voltaire répondait : non. — G.
  2. [Bien. — V.] — L’auteur veut parler des erreurs de raisonnement, de spéculation ; cette maxime ne peut s’appliquer aux erreurs de fait. L’expression est trop générale. — S.
  3. [Mais si l’auteur pense mal ? — V]
  4. [Pourquoi donc ? — V.]