Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/412

Cette page n’a pas encore été corrigée

diesse de ses opinions; mais sa réputation précipitée a déjà perdu tout son lustre; il a survécu a sa gloire, et il sert it son siècle de preuve qu’il n’y a que la simplicité, la vérité et l’éloquence, c’est·à·dire toutes les choses qu’il a méprisées, qui puissent durer’. .

53. — Lysias, ou La Fausse éloquence.

Lysias sait orner une histoire de quelques couleurs, et de traits pleins d’esprit; il raconte agréablement, et il embellit ce qu’il touche’. ll~aime a parler; il.écoute peu, se fait écouter longtemps, et s’étend sur des bagatelles, afin d’y placer toutes ses fleurs. ll a quelque goût pour l’intrigue, et quelque activité dans les affaires, mais sans dextérité et sans profondeur; il ne pénètre point ceux à. qui il parle; il ne cherche point à. les pénétrer; il ne connaît ni leurs intérêts, ni leurs caractères, ni leurs desseins; il n’est occupé que de lui-même et de ses talents supérieurs. Bien loin de chercher à flatter ou les inclinations ou les espérances des autres hommes, il agit toujours avec eux comme s’ils n’avaient d’autre affaire que de l’écouter et de rire de ses contes et dc ses saillies ’. ll n’a de l’esprit que pour lui;·il ne laisse pas même aux autres le temps d’en avoir pour lui plaire. Si quelqu’un d’étranger chez lui a la hardiesse de le contredire, Lysias continue a parler, ou, s’il est obligé de répondre, il affecte d’adresser la parole à tout

• Var. : • ll ne faut pas s’étonner que l’er·reur et le mauvais gout aient eu vdes progrès si rapides : il faut que la mode ait son cours; c‘est un vent · violent et impétueux qui agite les ’eaux et les plantes, et couvre, en un « moment, toute la terre d’épaisses ténèbres; mais la lumière, qu’il a obscur- « cie, reparalt bientot plus brillante. Rien n’efl`ace ln vérité. n

  • Var. : ¤ Lysius sait orner ce qu’il pense, et raconte mieux qu’il ne juge. »

‘ Var. : ¤ Bien loin d‘aspirer à flatter leurs passions ou leurs espérances, « il parait supposer que tous les hommes ne sont nés que pour l’adrnirer, et ~ pour recueillir les paroles qui daignent sortir de sa bouche. » - Autre var.: [ « Trop plein de ses propres idées et de la persuasion de son mérite supé- ¤¤ rieur, il n’a ni égard L ceux qui peuvent s‘npercev0ir de su défauts, ni u curiosité pour ceux qu’il ne connait point, ni politesse pour ceux qui l’é- « coutent, ni attention pour ceux qui lui parlent, et il prend ou haine ccux ~ qu’il ne croit pas dupes de su loquacité. ·]