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SUR QUELQUES CARACTÈRES.


51. — c.«n1·rt:s, ou LE Grammaiücn. _ Caritès est esclave de la construction, et ne peut s0ull`rir la moindre hardiesse , ni en prose ni en vers. ll ne sait point ce que c'est qu'éloquence, et se plaint de ce que l’abbé d’0livet a fait gràce à Racine de quatre cents fautes; mais il sait admirablement la ditïérence de pas et de point; et il a fait des notes excellentes sur le petit Traité des Synonymes, ouvrage très-propre, dit-il, à former un grand orateur. Caritès n'a jamais senti si un mot était propre, ou ne l'était pas; si une épithète était juste, et si elle était à. sa place. Si pourtant il fait imprimer un petit ouvrage, il y fait, pen- dant l‘impression, de continuels changements; il voit, il revoit les épreuves, il les communique à ses amis; et si, par malheur, le libraire a oublié d'oter une virgule qui est de trop, quoiqu'elle ne change point le sens, il ne veut point que son livre paraisse jusqu'à ce qu’on ait fait un carton, et il se vante qu’il n'y a point de livre si bien im- primé que le sien. , ` 52. — isocmrn , ou LE Bel-esprit modems. Le bel-esprit moderne' n’est ni philosophe, ni poète, ni historien, ni théologien; il a toutes ces qualités réunies et beaucoup d'autres. Avec un talent très-borné, il a une tein- ture de toutes les sciences, sans en posséder aucune; il connait les arts, la navigation, le commerce'; et, parler de tout sans rien savoir, tel est son système. Aussi 1nettons— nous à la tete des philosophes son illustre auteur, et je veux avouer qu’il y a peu d’hommes d'un esprit si philosophique, t Rémond de Saint-Mard. Il a fait imprimer, en 17&3, trois volumes de littérature, ou l’on trouve de l’esprit, mais point de gout et un jugement souvent faux. C'était le frere de Rémond le mathématicien, de qui on a rc- cueilli quelques lettres qu’il écrivait à. mademoiselle de Launay (madame de Staal). — S. — ll », possible que Rémond de Saint.-Mnrd soit Poecaslon de ce portrait; mais nous croyons que Vauvenargues vise plus loin, et qu’il en a aux sceptiques, en général, et aux esprits dits universels. —- G. • lci, les diverses éditions répètent un passage qui appartient L la ·l2¤ lté- [lcmiun. (Voir page l00.) — G.