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350 ESSAI bo.- - [mconsrsucz nes normes.] [Qui pourrait dire les changements que la réflexion, l'expérience, la prospérité ou les disgràces apportent d’or- dinaire dans l'esprit et dans les mœurs des hommes? Si vous avez passé quelques années loin de ceux que vous l connaissiez, n'espérez pas de les retrouver les memes: celui qui vous aimait, vous a oublié et ne vous estime plus peut-étre ; celui que vous aimiez et que vous estimiez vous- mème, ne mérite plus ni amitié ni estime. Il est vrai qu'i1 y a un petit nombre d'hommes qui ne varient point, qui, tels on les a vus dans leur jeunesse, vains, dissipés, disso- lus, emportés, sans pudeur et sans gravité, tels on les re- trouve dans la force ou dans le déclin de Page; mais la plupart changent, les uns pour le bien, les autres pour le mal. Celui-ci, que vous aviez cru de peu de sens et de · conduite, est devenu raisonnable et sage, et la prospérité l’a rendu meilleur; j'en ai vu a qui Pintérèt avait enseigne la prudence, la justice et l'honnèteté qui n'étn.ient point dans leur fonds; ils étaient revenus des fautes de leur premier âge; ils s'étaient presque persuadé a eux-mêmes que les ` vertus qu'ils pratiquaient par ostentation leur étaient na- ' turelles. D'autres, au contraire, étaient nés bons et droits, qui ont quitté, depuis, les sentiers et les engagements de leurs beaux jours; une fausse philosophie les a séduits, la mauvaise fortune les a aigris, et l’injustice et la dureté du monde les aachevés; ils ont trompé ceux qui se ûaient a la bonne réputation de leur jeunesse; ils se sont lassés dela vertu dans l’infortune, et le temps a_ emporté leur courage avec leurs espérances. Le changement est la loi des hom- mes, comme le mouvement est la loi dela terre. j A7. - [Ausum: '.] [Anselme est outré que son lils témoigne du gout pour • Ici commencentlcs portraits qui se rapportent plus particulierunent L la période littéraire dela vie dc Vsuvcnarguœ. —; G.