lui-même que par cet endroit; et, n’honorant que la vertu,
ii ne néglige que les vertueux. ,
17. —- i.‘£·rounni.
Il n’y a pas longtemps qu'étant à la Comédie ·à coté d’ un
i jeune homme qui faisait du bruit, je lui dis : Vous vous en-
nuyez; il faut écouter une pièce quand on veut s'y plaire.
— Mon ami, me répoudit—il, chacun sait ce qui le divertit: '
je n'aime point la comédie, mais j'aime le théâtre; je n’y
écoute rien, parce qu’il faut trop d‘eti'orts pour s'amuser de
l'esprit d’autrui; mais j’y vois du monde, j’y trouve mes
amis; cela m’ainuse à ma manière, et vous étes bien fou
d'imaginer d’apprendre à quelqu‘uu ce qui lui plait. —
Cela peut bien étre, repris·je, mais je ne savais pas que vous
vinssiez à. la comédie pour avoir le plaisir de l'interrompre.
— Et moi je savais, me dit-il , qu'on ne sait ce qu'on dit
quand on raisonne des plaisirs d'autrui; et je vous pren-
drais pour un sot, mon très-cher ami, si je ne vous con-
naissais depuis longtemps pour le fou le plus accompli qu’il
y ait au monde. — En achevaut ces mots, il traversa le
théâtre, et alla baiser su1· la joue un homme grave, qu’il ne
connaissait que de la veille.
- 18. — u.cm>z. _
Alcippe a pour les choses rares cet empressement qui témoigne un goût incoustant pour celles qu'on possède. Sujet, en ell`et, a se dégoûter des plus solides, parce qu’il a moins de passion que de Clll'i0Si(é pour elles; peu propre, par défaut de réflexion, à tirer longtemps des memes hom- ' mes et des memes choses de nouveaux usages; sobre et na- turel dans son goût, mais plus touché du merveilleux que du grand (laissant emporter son esprit, qui manque naturelle- ment un peu d'assiette, au plaisir rapide de la surprise; dominévolontairement par son imagination, et cherchant dans le changement, ou par le secours des fictions, des objets qui réveillent son âme trop peu attentive et vide de