Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/345

Cette page n’a pas encore été corrigée
291
SUR QUELQUES CARACTÈRES.


mières, et de vouloir s'élever par son industrie, ou par des chemins que le seul mérite ne peut ouvrir aux hommes sans fortune. Phérécide a été réduit a regretter les memes avan- tages qu’il avait méprisés; les gens qu’il a voulu surpasser . se sont trouvés naturellement au-dessus de lui, et personne n'a eu pitié de ses disgrâces, ou n'a daigné seulement ap- profondir les causes de son infortune'.] 3. — ·rtrsrtsr·rs*. Thersitei a soin de ses cheveux et de ses dents; il aime une excessive propreté, et il est élégant dans sa parure, l Ce caractère inédit est la suite, ou plutot, l’expIication de celui qui pré- , ' cède. Qu‘on le rapproche des 27*, 28*, 29*, 30*, 31·, 32* ct 33* Réflexions sur divers sujets, et cette préoccupation si persistante d'un méme objet paraîtra bien significative. A l’occasion des Ré/lcxions, nous avons remarqué ( page 102) ° · que c'est pour Vauvenargues un besoin desprit et une méthode constante de concilier les contrariétès apparentes des idées on des faits humains, eu remon- tam. A leurs causes. Semblable lt ce médecin qui, attaqué d’une maladie mor- telle, oubliait ses souffrances en les observant au profit de la science, Vauve- nargues, dont l‘esprit est aussi avide de connaitre, que son ameuest forte contre la douleur, se replie sur lui-mème, s'analyse, et, avec une sincérité touchante, tire des conseils on des exemples pour les autres de sa propre vie, sl triste et si cruellement éprouvée. Lajoie de l'csprit qui découvre la vérité, le consolait · dela souffrance qui n'abat que les faibles ames; c'ost à ce titre, sans doute, qu’il trouvait une certaine douceur, ou des consolations, jusque dans son in- fortune, et qu’il u pu dire que ·< le malheur u même ses charmes. • —· G.

  • Les deux Caractères qui précèdent donnent le résumé, pour ainsi dirc,

de la vie de Vauvenargues; ceux qui suivent vont nous faire passer pa ses diverses phases. ll a débuté par la carrière militaire; aussi, A coté de pein- tures plus générales, trouve-t·0n quelques figures de militaires, dont les origi- naux étaient sous ses yeux. A ses tentatives pour entrer dans la diplomatie ct dans les affaires correspond une série de caractères actifs, fermes, ambi— ` tieux, habiles à pénétrer les hommes et à les conduire, en regard desquels Vauvenargues place, comme contraste, quelques figures d’hommes faibles, inconséquents ou vains ; enfin, on reconnait la période littéraire i ces portraits, quelquefois si vifs, d’autenrs tnsipides ou frivole:. Pour quelques—uns do ces caracteres, l'autcur laisse voir un mépris qui ressemble fort à la colère, et il les rend avec une exagération qu'on ne peut mettre exclusivement au compte dc sa jeunesse; on doit croire qu’il avait eu personnellement B se plaindre des Pltalanle ou des Midas qu’il met en scene. Dans ses œuvres purement morales, uu, au lieu de montrer des individus, il donnera son opinion dernière sur l'hu- manité, il sera plus modéré, ct, balance faite de nos vertus et de nos vices, il conclura pour le respect de la vie et de la nature humaine. Dans cesûarac- lères méme, cette conclusion se devine, car, A coté de la peinture du vice se rencontre presque toujours celle de la vertu qui le contrepeas. —- G. 5 Thersilcs, que nous appelons 1'hersite, nous est représenté par Homere, dans son lliavlr, comme le plus laid, le plus lache et le plus insolent des capi- I I