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272 FRAGIIENTS. A · feu, —plus de force, plus d'imagination dans Yexpression, · quïon n’en voit dans ses Caractères. ll est vrai qu’on n’y · trouve pas aussi souvent que dans les écrits de Bossuet et . de Pascal, de ces traits qui caractérisent, non une passion - ou les vices d’un particulier, mais le genre humain; ses portraits les plus elevésne sont jamais aussi grands que _ ceux de Fénelon et de Bossuet; ce qui vient en grande partie de la différence des genres qu’ils ont traités '. La Bruyère a cru , ce me semble, qu’on ne pouvait peindre les hommes assez petits; et il s’est bien plus attaché à rele- ~ ver leurs ridicules que leur force ’. Je crois qu’il est permis de présumer qu’il n’avait ni l'élévati0n, ni la sagacité, ni la profondeur de quelques esprits du premier ordre; mais on ne lui peut disputer sans injustice une forte imagination, un caractère véritablement original, et un génie créateur. 3. — sun rtsstos. _ Les répétitions de Fénelon ne me choquent point; il me • tiques nous üneuveut plus fortement; et cette puissanœ qu'ils ont sur notre « ame, la dispose A leur accorder plus de lumières; nous jugeons toujours ·· d’un auteur par le caractère de ses sentiments. Si on compare La Bruyère ~ I Fénelon, la vertu toujours tendre et naturelle du dernier,_et l'amou·r·pro- · pre qui se montre quelquefois dans l'autre, le sentiment nous porte malgré « nous L croire que celui qui fait parsltre l‘ame la plus grande a l‘œprit lc ~ plus éclairé; et toutefois il serait diflicile de justiller cette préférence. Fé- « nelon a plus de facilité ct rl'abondanoe; l'auœur des Caractères, plus de ~ précision et de force; le premier, d'une imagination: plus riaute et plus « féconde; le second, d’un génie plus véhément; l'un, sachant rendre « les plus grandes choses familières et sensibles, sans les al>aisser;l'autre, « sachant enuoblir les plus petites sans les déguiser; celui-la, plus humain; ~ celui-ci plus austère; l'un, plus tendre pour la vertu; l’eutre, plus impla- « cable au vice ; l'un et l'autre moins pénétrante et moins profonds que les «¤ hommes que j’al nommés, mais lnimitables peut-ètre dans la clarté et dans ~· la netteté de leurs idea; entln originaux, créateurs dans leur genre, et « modèles très·sccomplis. » — Sur Pexemplaire d'Aix, Voltaire trouve la pre mière phrase mauvaise; il remarque, en outre, que les genres de La Bruyère et de Fénelon ne peuvent se comparer. C‘est pour res raisons, sans doute, que Vauvenargues supprima ce morceau. — G. _ , l On voit ici que Vauvenargues a fait droit a la critique de Voltaire. (Voir la note précédente). —· G. —

  • On a vu plus haut que Vauvenargues adresse a peu près le meme re-

proche L Moliere. (Voir, A ce sujet, notre Éloge de Vauvenargues.-—Voir sussn, plus loin, la Préface L l'Easui sur quelques Caractèresj — G.