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SUR QUELQUES POÈTES.


Tendons a sa jeunesse unemain hiwfaissnœ; C'œt un infortune que le ciel me présente : Il sufllt qu’il soit homme et qu’ll soit malheureux. Ion fils peut éprouver un sort plus rigoureux. ll me rappelle Bgisthe; Egisthe est de son Age: Peut-etre comme lui, de rivage en rivage, Inconnu, fugitif, et partout rebuaé, . ll souffre le mépris qui suit la pauvreté. Uopprobre avilit Mme et flérrn le courage. Cette dernière réflexion de Mérope est bien naturelle et bien sublime : une mère aurait pu etre touchée de toute autre crainte dans une telle calamité; et, néanmoins, Mé- rope parait pénétrée de ce sentiment. Voilà comme les seu- ' tences sont grandes dans la tragédie, et comme il faudrait toujours les y placer. C’est cette manière si simple de faire parler les passions qui caractérise les grands hommes; c'est, je crois, cette sorte de grandeur qui est propre a Racine, ' et que tant de poètes après lui ont négligée , ,ou parce qu’ils ne la connaissaient pas, ou parce qu'il`leur a été bien plus facile de dire des choses guindées, et d'exagérer la nature. Aujourd’hui, on croit avoir fait un caractère lorsqu'on a mis dans la bouche d’un personnage ce qu’on veut faire penser de lui, et qui est précisément ce qu'il doit taire; une mère affligée dit qu’elle est affligée, et un héros dit qu’il est un héros. ll faudrait que les personnages fîssent penser tout cela d'eux, et que rarementils le dissent; mais, tout au contraire, ils le disent, et le font rarement penser. Le grand Corneille n’a pas été exempt de ce défaut, et cela a gâté tous ses caractères'; car, enfin, ce qui forme un caractère, ce n'est pas, je crois, quelques traits, ou hardis, ou forts, ou su- blimes, c'est l'ensemble de tous les traits et des moindres • Add. : [· J’estime l'esprit d’un poète qui fait dire de grandes choses A son · héros; mais le héros, qui dit de grandes choses pour se peindre, et pour « faire honneur au poete, je ne puis m'unpecher de le mépriser-; plus le poète · veut paraitre Umd, plus ses personnages sont petits. Les anciens ne s‘at- ` • tachaient pass produire sur Ia scène de grands caractères; ils produisaimt - de grandes passions. Corneille a ouvert une autre carriere; il a négligé les • passions, et s’ost appliqué A imaginer des portraits; mais cos portraits, si • l'osc le dire, ne montrent que l'suteur, et ne montrent guère la nature. ¤ } ·-· Voir, plus haut, Corneille el Racine. — C. l l