54 , REl·`LEXl0NS CRLTIQUES poemes singuliers; il y a presque toujours de la naïveté daneson dialogue, et quelquefois —du sentiment; ses vers · sont semés d‘images charmantes et de pensées ingénieuses. On admirerait trop les fleurs dont il se pare, s'il eût évité les défauts qui font languirquelquefois sesbeaux ouvrages : je n’aime pas les familiarités qu’il a introduites dans ses tragédies; je suis fâché qu’on trouve dans beaucoup de scènes, qui sont faites pour inspirer la terreur et la pitié, des personnages qui, par le contraste ·de leurs discours avec les interets des malheureux, rendent ces memes scènes ridicules, et en détruisent tout le pathétique. Je ne puis m'empécher encore de trouver ses meilleurs opéras trop vides de choses, trop négligés dans les détails, trop fades méme, dans bien des endroits; enfin je pense qu'on adit de lui avec vérité qu' il n'avait fait qu'eflleurer d'ordi· naire les passions. ll me parait que Lulli a donné à sa mu- sique un caractere supérieur ala poésie de Quinault; Lulli s'est élevé souvent jusqu'au sublime par la grandeur et par le pathétique de ses expressions; et Quinault n’a d’autre mérite, à cet égard, que celui d'avoir foumi les situations et _ les canevas, auxquels le musicien a fait recevoirla profonde empreinte de son génie. Ce sont, sans doute, les défauts de cepoèœ, et la faiblesse de ses premiers ouvrages, qui ont fermé les yeux de Boileau sur son mérite; mais Boileau peut étre excusable de n'avoir pas cru que l’opéra, théâtre plein dlirrégularités et de licences, eût atteint, en naissant, sa perfection. Ne penserions-nous pas encore qu’il manque quelque chose à` ce spectacle, si les efforts inutiles de tant d'auteurs renommés ne nous avaient fait supposer que le ’ défaut de ces poèmes était peut-étre un vice irréparable ? Cependant je conçois sans peine qu'on ait fait à Boileau un grand reproche de sa sévérité trop opiniàtre'. Avec des
- Boileau a cependant dit lui-mème, dans la préface de la dernière édition
de sa (Envrcs, que, dans le temps ou il écrlrit contre Qulnault, tous deux étaient fon jeunes, et Quinault n'avait pas fait alora beaucoup d‘ouvragca qui làiisprltâacqfxdans la suite une jualc réputation. Ce sont les expressions dom