Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/307

Cette page n’a pas encore été corrigée
253
SUR QUELQUES POÈTES.


gens de lettres voulussent bien séparer les défauts des plus grands hommes de leurs-perfections ’V; car, si l’on confond leurs beautés avec leurs fautes par une admiration supers- titieuse, il poum bien arriver que les jeunes gens imite- ront les défauts de leurs maitres, qui-sont aisés à. imiter, et n’atteindront jamais à leurgénie ’. - ·

7. — QUINAULT.

On ne peut trop aimer la douceur, la mollesse, la facilité, et l’harmonie tendre et touchante de la poésie de Quinault. On peut méme estimer beaucoup l’art de quelques-uns de ses opéras, intéressants par le spectacle dont ils sont remplis, par l’invention oula disposition des faits qui les composent, parle merveilleux qui y règne, et enfin par le pathétique des situations, qui donne lieu à. celui de la musique, et qui l’augmente nécessairement. Ni la grâce, ni la noblesse, ni le naturel, n’ont manqué à l’auteur de ces l C‘est ce que Voltaire a fait dans son Commentaire mr Corneille, ou ll déclare expressément, comme pour répondre au vœu de Vauvenargues, qu’i| se propose d’étr¢ utile ou jeunes gens. Sana doute, la œitique y est parfois un peu menue; mais, quoi qu’en disent ceux qui, selon leurs préférences, la jugenttrop sévère ou trop indnlgente, ll faut reconnaitre que, le plus souvent, elle n’eat que juste. On sait, d’ailleurs, que ce n’eat pas seulement un bon ouvrage, que c’est aussi une bonne action, et que Voltaire entreprit ce travail pour donner une dot a la petite-fille du grand Corneille. -- G.

  • Dans la l" édition, ce morceau se terminait ainsi : • Pour moi, quand je

· fais la critique de tant d’hommes illustres, mon objet est de prendre des ·« idées plus justes de leur caractère. Je ne crois pas qu’on puisse raisonna- ·- blemsnt me reprocher cette hardiesse; la nature a donné aux grands hom- ·- mes de faire, et laissé aux autres de juger. Si l’on trouve que je relève ·· davantage les défauts des uns que ceux des autres, je déclare que c’est a ~ cause que les uns me sont plus sensibles que les autres, ou pour éviter de · répéter des choses qui sont trop connues. Pour tlnlr et marquer chacun de • ces poètes par ce qu’ils ont de plus propre, je dirai que Corneille a émî· · nomment la force, Boileau la justeue, La Fontaine la nalveté, Chaulieu · les graceset Pingénieux, Moliere les saillies et la vive imitation du mœurs, • Racine la dignité et Yéloquence. Ils n’ont pas ceiavantages a l’excIusion q les uns des autres; lia les ont seulement dans un degré plus éminent, avec · • une infinité d’autres perfections que chacun y peut remarquer. ry- C’eat un résumé des Iléllczions critiques sur- quelques poètes que Vauvenargues avait données dans la i" édition ;_ dans la 2*, il ajoutait les ltéfluziaru sur Quinault, J.-B. Rousseau et Voltaire: ce résume n’était plus des-lors a sa place, et c’est avec raison que Vauvenargues le supprimait, comme c’est L tort que les différents éditeurs l’ont maintenu. - G. . »