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252 BÉFLBKIONS CRITIQUES racteres, soit. par l’art des situations, soit par la grandeur des intérêts; moins intelligent que Racine, il eoncevait peut- étre moins profondément, mais plus fortement ses sujets'; il n°éta.it ni si grand. poète, ni si éloquent; mais il s’ex- primait quelquefois avec une grande énergie; personne n*a des traits plus élevés et plus hardis, personne n’a laissé l'idée d'un dialogue si serréet si véhément; personne n'a peint avec le méme bonheur Pinilexihilité et la force d’es- prit qui naissent dela vertu; de ces disputes memes que je lui reproche, sortent quelquefois des éclairs qui laissent l'esprit étonné, et des combats qui véritablement élèvent l’âme ; et, enfin, quoiqu’il lui arrive continuellement de s’é- _ carter de la nature, on est obligé d’avouer qu’il la peint naïvement et bien fortement dans quelques endroits: et · c'est uniquement dans ces morceaux naturels qu'il est ad- mirable. Voila ce qu’il me semble qu’on peut dire sans par- tialité de ses.ta1ents’; mais lorsqu’on a rendu justice à son ' génie, qui .a surmonte si souvent Ãle goût barbare de son siècle, on ne peut s'empécher de rejeter, dans ses ouvrages, ' ce qu'ils retiennent de ce mauvais goût, et ce, qui servirait a le perpétuer dans les admirateurs trop passionnés de ce · grand maitre. Les gens du métier sont plus indulgents que les autres à ces ·défauts, parce qu'ils ne regardent qu’aux traits origi- naux de leurs modèles, et qu'ils connaissent mieux le prix de l’invention etdu génie ’. Mais le reste des hommes juge . des ouvrages tels qu’ils sont, sans égard pour le temps et pour les auteurs i, et je crois qu'il serait à désirer que les sant qu‘Andromaque et Ipbigénte? N’a-t·ll pas prls la vivacité des applaudisse- ments pourI'inlérél? Ialarmœ font moins de bruit que l’admlratlon.— Lai!.] I Cette dlatinctlonentre la profondeur et la force ne parait pas luc! mzwllanlfla I" édition, ce relevé des mérites de Comeills était plus som- maire; si Vauvenargues y revient, c’est que, sans doute, il avait été touché de cette phrase de Voltaire : Il appartient à an homme comme sous, Iouicv, de donner des préférences, et paint d’¢xcl•ui0M. — G. .

  • Il est clair que Vauvenarguœ veut délicatement expliquer pourquoi Vol-

taire défendait Oomeille. - G. • La tin de phrase qui suit est de la seconde édition. — G.