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248 RÉFLEXIONS CRITIQUES Cependant je suis moins choqué de ces subtilités, que des grossièretés de quelques scènes ‘. Par exemple, lorsque Horace quitte Curiace, c'est-à—dire dans un dialogue d’ail- leurs admirable, Curiace .parle ainsi d'abord : , Jo vous connais encorsçet c’est ce qui me tue. Mais cette apre vertu ne m'était point connue : Comme notre malheur, elle est au plus hnut point; Soulïrez que je l'admirc, et ne l’imite point. ` · lzloaacs, acte Il, scéne 5. Horace, le héros de cette tragédie, lui répond : _ ' _ Non, non, n‘embrassei pas de vertu par contrainte; , Et, puisque vous trouves plus de charme L ls plainte, , En toute liberté goûte: un bien si doux. Voici venir ma aasur pour se plaindre avec vous. Ici Comeille veut peindre apparemment une valeur féroce; mais la férocité s’exprime-t—elle ainsi contre un ami et un rival modeste 'Iv La liertéest une passion fort théâtrale; mais elle dégénère en vanité et en petitesse, sitôt qu'elle se mon- tre sans qu‘on la provoque ’. Me permettra-t-on de le dire? Il me semble que l'idèe des caractères de Corneille est pres- que toujours assez grande; mais l’exécution en est quelque- fois bien faible, et le coloris faux ou peu agréable. Quelques- uns des caracteres de Racine peuvent bien manquer de grandeur dans le dessein ‘; mais les expressions sont tou- jours de main de maitre , et puisées dans la vérité et la vent un jeu d’csprit aaacs froid. Et ce n’est pas la seule fois que, regardant . de plus près L Corneille, Voltaire revient aux Idées de Vauvenargues, apres · ‘ les avoir combattucs. On peut le dire, Vauvenargues, dans cette question, a autant agi sur Voltaire, que Voltaire sur Vauvenargues. — G. • 1** édition : « Et de la fastueuse petitesse que Corneille mele quelquefois « a la fierté de ses héros. » ·

  • Cette dernière phrase remplace celle-ci, de la iüéditions « Ou plutot, dans

~ les circonstances ou se trouvent les deux héros, le mépris alecté d'Horaoe « n'est—il pas le langage d‘une ostzntation grossière et puérileh Voici ce que dit Voltaire dans son Commentaire : Un des excellent: esprits dc Ma jours. le marquis de Vauvenargues, trouvait dans ces vers un outrage odieux qa'Ho- race ne devait pas faire il son beau-frère. Je lui dis que cela préparait au meurtre de Camille, et il ne se rendit pax... Tqjouterai a cette ré/lésion de I’h0mm¢ du monde qui pensait le plus noblement, que, outre la )i¢rté déplacée d'Horacc, nt y a une ironie, une amertume, un mépris, dans sa réponse, qui sont plus déplacés encore. — G.

  • Cc correctif cat de la 2• édition. — G.