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240 RÉELEXIONS Cl\l'l‘lQUBS proposai mes idées, lorsque j’eus envie de parler de (lor- neille et de Racine; et il eut la bonté de me marqucr les endroits de Corneille qui méritent le plus d'admiration, pour répondre a une critique que j'en avais faite. Engagé par la à relire ses meilleures tragédies, j’y trouvai sans peine les rares beautés que m’avait indiquées M. de Vol- taire. Je ne m'y étais pas arreté en lisant autrefois Cor- neille, refroidi ou prévenu par ses défauts, et né, selon , toute apparence, moins sensible au caractère de ses per- fections. (Jette nouvelle lumière me tit craindre de m’étre . trompé encore sur Racine et sur les défauts memes de Cor· ueille; mais, ayant relu l’un et l’autre avec quelque atten- tion, je n’ai pas changé de pensée à cet égard; et voici ce qu'il me semble deces hommes illustres. T Les héros de Corneille disent souvent de grandes choses sans les inspirer; ceux de Racine les inspirent sans les dire. Les uns parlent, et toujours trop, afin de se faire connaitre; les auties se fout connaitre parce qu'i.ls parlent. Surtout Comeille parait ignorer que les grands hommes se caractérisent souvent davantage'- par les choses qu’ils ne disent pas, que par celles qu'iIs disent. Lorsque Racine veut peindre Acomat, Osmin lassure de l’amour des janissaires; ce visir répond: Quoi! tu crois, cher Osmin, que ma gloire passée Flntœ encor leur valeur, et vit dans leur pensée! Cmis-tu qu‘ils me suivraient encore avec plaisir, _ Et qu’lls reconnaltraient la voix de leur visir! Bsnzrr, acte I, scene 1. On voit dans les deux premiers vers un général disgrà- cié, que le souvenir de sa gloire et Pattachement des sol- dats attendrissent sensiblement; dans les deux derniers ¤¤ que ce plaidoyer, I n’en juger que la farine, est certainement un des mei||¤¤“ morceaux de la critique au 18• siècle, et que oe n'est pas une médiocre pour- Vauvenargues d'avoir le premier rencontre si juste, au moins en ¤¤*[‘" concerne Racine, que La Harpe et Voltaire lui-meme n'ont pu que rev¢¤“’· apres lui, sur des mérites qu’il avait tous sentis et indiqués. - G. . i Au lieu de plus; davantage s'emplole d'une maniere absolue, etne ¤¤P‘ porte pas le que après lui. — G. '