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SUR QUELQUES POÈTES.


facilœ, et remplis d'imsgination,` devivacité et degrace, m’ont toujours paru supérieurs lt sa prose, qui n'est, le plus souvent, qufingénieuse. On ne peut s'empécher de regretter qu’1m auteur si aimable 11'ait pas plus ecrit, et nïait pas travaillé avec le méme soin tous ses ouvrages?. · · · `, _ b. ·—· Maman:. · , _ — Molière me paraît un peu répréhensible d’avoir pris des sujets trop bas ’. La Bruyère, animé à peu près du même génie, a peint avec la mème vérité et la meme véhémence que Molière les travers des hommes ”; mais je crois que l' on peut·trouver plus d’éloquence et plus d'élévation dans Ses images. ‘ ` ` r On peut mettre' encore ce poète en parallèle avec Racine;

  • On peut regretter également que Vauvenargues n’en ait pas plus écrit sur

üta auteur ri aimable; la i" édition ajoutait du moins : « Quelque différence • que l'on ait mise, avec beaucoup de raison, entre l'esprit et le génie, il

  • semble que le génie de l'abbé de Cbaulieu ne soit essentiellement que
  • beaucoup d'esprlt naturel. Cependant il est remarquable que tout cet

‘ esprit. n’a pu faire d’un poète, d'ailleurs si aimable, un grand homme ni

  • un grandgénie. •—·'G..·

• ll semble que les Femmes savantes, le Tartufe, le Misanthrope ne sont pas `ssurément des sujets bas; la comédie n'en peut guère traiter de plus relevés. bounquoi l‘Avarc encore serait-il un sujet trop ban pour la comédieî Passe Pour les Faurberies de Scapin, le Médecin malgré lui, Sqanarelle, et si l'o¤ Veut méme Georges Damlin. Maia c'est d'après les chefs·d'œuvrs d'un grand honnme qu'on doit juger de son génie et en déterminer le caractère. On sait d'ailleun que Molière, forcé d'abord de se conformer au gout de son siècle pour en obtenir le droit de le ramener au sien, forcé souvent de faire servir Son travail au soutien de la troupe dont il etait le directeur, ne fut pas tou-` Jours le maltre de choisir les sujets de ses comédies, ni d`en soigner l'exé- cution. — S. _ ‘* On ne peut pas dire que La Bruyère fut animé du meme génie que Mo- lière. Vauvenargues disait autrement dans la premiere édition, toujours en donnant A La Btuyère une sorte de supériorité; aussi est-il plus facile de ca- ractériser les hommes, que de faire qu'ils se caractérisent eu.1:-mêmes. On ne voit pastrop pourquoi il a retranché cette phrase, qui était du moins une es- pèce de correctif. - S. — Voici la phrase de la 1** édition, dont Suard ne cite qu‘une partie: c La Bruyère, plus parfait dans son genre, a laissé l‘idée d'un ~ comique plus élevé et plus fécond; aussi est-il plus facile de caractériser « les hommes, que de faire qu’ils se caractérisent eux-memes, et de soutenir · un personnage qui parle longto-mps,et parle toujours en vers. La véhémence « inimitable de Molière et son caractère si original, le rendent d'allleurs res- »« pcctable. n Voltaire trouvaltcs parallèle contestable; aussi Vauvenargues l'a ëroduit, mais, on le voit, d’une maniere plus préjudiciable enoorel Molière.- G.