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Z2 MÉDITATION SUR LA FOI. qui le chagrmalt, en attestent lnvlnclblemont la sincérité. Moutons, po:—,, preuveldéllnitive, que Vauvenargues composa cette piece dans le méme tant;` que l’Elogc funèbre d’IIippolytc ds Seqtres, vers la tln de la retraite de Bl ‘héme, c’est-d—dlr·e dans des eireonstsnoœ on il n'était guère en humeur îe faire des lenx d’esprit. Dans la 2o• lettre I Saint-Vincens, adressée d‘un ca.—._ tormement sur le Rhin, I la date du 7 novembre 1'IA3, Vauvenargues lui pam`.`, de la Méditation, dont il lui avait envoyé précédemment copie, et lni en parle trop sérieusement, pour que les diversu versions que nous avons r§,p_ portées puissent em admissibles. Est-ce à dire pour cela que Vauvenargues fût chrétien ? Non, sans doute, et cette Méditation même, nous l'avons remarqué, n’est pas un acte de foi positive, ce n'est qu'un regret, ou tout au plus, qu’une aspiration. Vauvenargues est, avant tout, un homme sincère, et, comme tel, il n’a pas de parti pris ; il note ses impressions, à mesure qu'elles lui viennent : hier incrédule, aujourd’hui croyant, ou regrettant de ne pas l'être. Il suffit de comparer cette méditation avec l'imitation de Pascal, qui précède immédiatement, pour se faire une juste idée de l'état de son âme, pour saisir au vif les alternatives de sa pensée, et comprendre ses contradictions sur ce point. Marmontel, qui l'a vu de près, a dit le mot peut-être: « Il est mort dans les sentiments d'un chrétien philosophe », c'est·à-dire à moitié l’un, à moitié l'autre. En tout cas, ce qu'on ne saurait contester, c'est qu'au moins il s'inquiète sérieusement de cette sérieuse question; aussi, je ne sais si un théologien est venu le trouver à son lit de mort, mais j'affirme que si Vauvenargues ne s'est pas rendu à ses instances, du moins, il ne l'a pas renvoyé avec insulte. Après une étude plus approfondie de ses œuvres et de son caractère, nous restons dans les termes de notre Éloge : s'il ne croit pas, du moins, jamais il n’a pris son parti de ne pas croire ; son esprit hésite, et va tour à tour de la foi au doute, et du doute à la foi ; quand la mort est venue, il hésitait encore. — G.